La filière « déchets » : la voie royale pour accéder à la puissance.
L’AMG – l’avenir minimum garanti – Quand on se lance dans cette filière « déchets », c’est l’élection assurée. Le fauteuil obtenu est à l’échelle du secteur couvert. À l’échelon de la commune, si vous militez contre les déchets qui polluent les paysages et les terres, si vous vous démenez pour les déchets récupérables, « recyclables », un siège au conseil municipal vous attend avec impatience. Si vous voyez plus haut, plus grand, si vous interpellez votre conseiller général ou régional sur le gâchis des gaspis, sur la honte des décharges sauvages, sur la nécessité de faire quelque chose, très vite vous serez obligé de vous asseoir à leur dextre au sein de leurs vénérables assemblées. Vous serez alors un nouveau Dieu, ami obligé des Écologistes qui sont si vite indignés – avec raison – par les excès de notre civilisation dite « de consommation ». Vous connaîtrez alors la puissance de ceux qui disposent de toute une flotte de véhicules en tous genres et dont les crédits arrivent automatiquement par la voie des taxes.
Seulement, voilà : ces excès de consommation et les gaspis qui s’en suivent ne concernent que les privilégiés, ceux qui n’ont jamais à compter, ceux qui savent jeter sans angoisse parce qu’ils peuvent aussitôt racheter plus et mieux.Voilà pourquoi, par ces temps de vie dure et chère, on privilégie désormais systématiquement le versant « récup ».
Fin XIXème siècle, des décrets organisent déjà le tri des déchets : « …trois boîtes sont obligatoires, une pour les matières putrescibles, une pour les papiers et les chiffons et une dernière pour le verre, la faïence et les coquilles d’huîtres. »
(Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Poubelle#cite_note-Mairie_de_Caen-0). On fait à peine mieux depuis.)
On n’a jamais tant valorisé la fouille des poubelles et la récupération des « trésors » qu’on y trouve.
Vous avez sans doute vous aussi été indignés par cette émission où on voyait un petit groupe d' »étudiants » (?) bien organisés, qui « faisaient les poubelles » avec méthode en essayant de ne pas être précédés par les éboueurs. Ils tombaient effectivement sur des filons, des mines de denrées alimentaires encore sous leur emballage qui n’avaient pour seul défaut que d’être à la veille de leur date limite de péremption – leur « DLUO » (Date Limite d’Utilisation Optimale). Et on les voyait accommoder leurs trouvailles, cuisiner et se régaler. Belle démo pour les empotés qui ne savent pas se bouger, pas même soulever le couvercle des poubelles d’Ali Baba.
Ah! cette sacro-sainte date limite de fraîcheur, bien faite pour angoisser et culpabiliser, qu’il faut chercher quelque part sur une des six faces, quelle belle invention! Prix Nobel de Gaspi ! Au moins un prix au Concours Lépine ! Sans compter que tous ces produits si bien protégés contre les altérations, bactéries et moisissures, sont gorgés d’antioxydants, de conservateurs. Avez-vous remarqué, comble de précaution, que même le vinaigre par exemple, fameux conservateur s’il en est – les cornichons d’antan en savaient quelque chose – est lui-même protégé par un conservateur (E211 pour celui que j’ai sous les yeux). Des gardiens de gardiens, et les vaches seront bien [mieux] gardées…
Autre astuce qui mériterait bien un accessit à la distribution solennelle des prix Gaspi : Les pubs imprimées sur l’envers des boîtes d’allumettes : combien d’allumettes ainsi consommées sans se consumer !…
La poubelle propre, la poubelle de bureau, c’est la corbeille. Rien de sale, rien de biodégradable ne vient ternir ses flancs souvent décorés, transparents ou ajourés, au travers desquels on devine des rejets nobles, des rejets d’imprimante, bien au-dessus de l’organique, des brouillons, des idées, des bouts d’écrits, toutes choses transcendées par le symbolisme de l’écrit.
La « corbeille » de la bourse est devenue justement une poubelle où on a jeté sans scrupules et en toute conscience tous ces « produits toxiques » qui empoisonnent les banques et dégradent la santé des économies.
La gestion des surplus alimentaires : la surpuissance politique.
À qui va-t-on destiner ces mannes venues d’en haut – du Ciel croirait-on, en fait de ces états riches, promus au rang d’états-providence ? De préférence bien sûr aux plus méritants des états nécessiteux qui feront preuve d’un minimum de bonne volonté et d’humilité. Voyez comme le FMI exige , en compensation de ses largesses, des sacrifices de dépenses dites inutiles par ces temps de vaches maigres, dans les secteurs jugés « de luxe » pour des pauvres, que sont la culture, l’éducation, les services…
Ces détresses alimentaires génèrent de terribles dépendances, et bien sûr d’horribles catastrophes sanitaires : Et les formidables ONG malgré leur dévouement sans borne ne parviennent jamais à combler ces effrayants tonneaux des Danaïdes que sont les insondables faims et famines des populations qui fuient les zones de combats, ou qui sont tout bonnement « déplacées » vers des ailleurs insensés qui sont d’immenses camps où errent des milliers de malchanceux que le doigt d’un destin politico-guerrier a désignés comme sacrifiables.
Eugène Poubelle, préfet de la 3ème République, qui fut préfet de Charente au temps de la Commune – 1871 – serait sûrement, de nos jours, ministre du Quart-Monde, au moins secrétaire d’état à la survie alimentaire.
C’est que nous sommes quasiment tous menacés avec ce renchérissement scandaleux, parce que voulu, organisé, précipité, des prix des énergies, des matières premières, des habitations, des produits de toute première nécessité (blé, sucre, fruits, légumes…). Nous sommes hélas parvenus, je le crains, à un point de non retour : ces excès engendrent des révoltes, et les plus puissants tremblent, et tombent, et tomberont les uns après les autres.
Sans compter cet autre point de non retour – climatique – plus lié au premier qu’il n’y paraît, et qui voit nos vignes de Saintonge devenir folles (c’est vrai que nous avons déjà la « folle blanche »…) et produire de nouvelles pousses, fleurs et papillons se multiplier comme pour fêter cet armistice de la Grande Guerre qui, dit-on, serait en novembre…
Sans doute prépare-t-on une nouvelle grande guerre – économique. Cette fois ce sera assurément la der des der. Puisque même les civils de tous pays et de toutes ethnies en seront – en sont déjà – les victimes de plus en plus nombreuses.
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