Feuërstein et son PEI, encore et toujours.

J’emprunte cette photo récente de Reuven Feuërstein au site des éditions « Le bord de l’eau » http://www.editionsbdl.com/feueurstein.html

Ces éditions « Le bord de l’eau », au nom si joliment naturel et écolo, je vous en ai déjà parlé dans cet article https://toutpetits.wordpress.com/2009/08/04/cyrulnik-petite-enfance-et-grand-age/ à propos d’un petit livre de Boris Cyrulnik sur la résilience.


Feuërstein, encore et toujours : Cette photo témoigne bien de son grand âge. Né en 1921 (en Roumanie), il va donc avoir 90 ans l’an prochain. Le dévouement aux autres, l’optimisme sont de fameux élixirs de longue vie…
Lisez attentivement les textes de cette page http://www.editionsbdl.com/feueurstein.html, et n’hésitez pas à vous procurer un autre de ces « petits bijoux » d’édition : http://www.editionsbdl.com/feueurstein.html

Wikipedia nous donne, comme souvent les liens essentiels pour une meilleure connaissance d’un sujet :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Reuven_Feuerstein
Le premier lien (voir plus haut), nous a mené aux éditions « Le bord de l’eau ».
Les trois liens suivants nous conduisent à « Upbraining » dont j’avais reçu plusieurs annonces de stages de formation aux principes et techniques de Feuërstein.
J’avoue avoir négligé ces invitations – et je le regrette vivement.
J’y voyais un côté mercantile – que je réprouve toujours : j’estime que la théorie et la pratique élaborées par R. Feuërstein sont si généreuses, si génialement efficaces, si révélatrices de possibilités en léthargie, pour tout dire si résilientes, que ce chef-d’œuvre pédagogique devrait être unanimement reconnu et mis au service de tous les souffrants par l’échec scolaire et les humiliations et doutes et mésestimes de soi qui en résultent.
Certes, il faut, pour que ces techniques ne soient pas que des recettes et qu’elles aient toute leur efficience affective, émotionnelle, durable, avoir une réelle aptitude à la médiation (tout le monde n’a pas « naturellement » les qualités de Feuërstein qui lui permettaient à 12 ans de motiver des adultes à tenter l’apprentissage de la lecture)
Mais je suis persuadé de ceci : le spectacle de la réussite, la vue du bonheur de la confiance en soi retrouvée, chez un enfant jusque là en grande difficulté, modifie le pédagogue, le médiateur.
Plus simplement : une bonne pédagogie, par la réussite qu’elle permet, métamorphose l’élève et transforme le pédagogue, le révèle à lui-même.
Permettez-moi quelques digressions sur l’échec et la souffrance scolaires :
L’échec scolaire est sans doute une des pires souffrances de l’enfance, en tout cas une des plus insidieuses, car elle installe le doute, la mésestime de soi, et très vite la résignation. La résignation chez l’élève qui croit à cette démonstration répétée, insistante de sa médiocrité, de sa nullité. Mais, pire encore, s’installe une résignation intergénérationnelle, face à la toute puissance des gênes qui semblent se liguer et reproduire encore chez les plus jeunes la misère intellectuelle des adultes de la lignée. Feuërstein, de toute son énergie, de tout son savoir a toujours refusé cette résignation si vite en place : Il soutenait que « Les chromosomes ne doivent pas avoir le dernier mot. » et que « Toute personne est capable de changement quels que soient son âge, son handicap et la gravité de son handicap. »
L’échec scolaire met en place les attitudes intellectuelles, affectives, relationnelles qui vont fabriquer le rejet et l’échec social et il semble y avoir une fatalité familiale à l’échec, à la pauvreté qui vont s’ensuivre. Les élites semblent se reproduire génétiquement comme les pauvres se multiplier naturellement.
Surtout peut-être, la pédagogie traditionnelle est impuissante, et même nocive, quand des inaptitudes à l’apprentissage (des déficits cognitifs) sont installés. Nocive, oui, car l’insistance pédagogique devient vite de l’acharnement pédagogique. Et je me demande alors qui est le plus malheureux de l’élève ou de son enseignant, surtout s’il débute et que ses inspecteurs le dénigrent et le culpabilisent : L’échec scolaire et l’échec pédagogique sont de très proches parents. L’élève en échec compense souvent par des troubles du comportement qui bien sûr aggravent son cas. L’enseignant, lui, se doit de rester digne, toute révolte lui est interdite, souvent alors il se réfugie dans la dépression qui est une sortie, une démission temporaire médicalisée.

On intervient toujours trop tard.
Le curatif en urgence, d’allure toujours plus professionnelle, d’apparence plus dévouée, entre Samu et pompiers, est toujours préféré au préventif si discret qui sait bien qu’il sera moins encensé puisque les difficultés qu’il prévient ne se manifesteront pas…

Je rêve d’un PEI encore plus efficace parce que préventif, un PEI qui intervienne avant les rencontres de l’école, même paternelle, d’un équivalent au « grand »PEI, d’un PEI destiné aux tout petits.
Quel sont donc les savoirs à transmettre à un tout petit ? Presque rien, bien peu de choses, et pourtant tout : l’essentiel en fait, qui va conditionner pour plus tard, dans l’au-delà des trois ans, toutes les attitudes à venir face aux acquisitions nécessitant concentration, efforts et mobilisation des « outils » cognitifs.
Peu de choses en effet : vouloir vivre, vouloir comprendre et savoir, vouloir s’intégrer à ce monde adulte, le comprendre peu à peu. Savoir parler…
En fait, ces savoirs, ne sont même pas des savoirs, ou plutôt ce sont des savoirs qui viennent d’eux-mêmes, qui sont la conséquence naturelle des besoins, désirs, des envies.
Cette « source claire » des désirs, des envies d’agir sur le monde pour le « saisir », dont parlaient Élise et Célestin Freinet, est inépuisable dans son cours le plus haut. Sauf de très rares exceptions elle est en place, intarissable, dès la naissance et sans aucun doute avant, dans la vie intra utérine où se prépare peu à peu une envie de naître, une envie de mieux entendre ces voix lointaines, de mieux s’ébattre, en tout cas plus au large…
Ce sont donc ces sources claires qu’il faut déceler comme des sourciers sagaces et confiants. Car en réalité, il y en a partout, presque toujours : ce sont de véritables nappes phréatiques du désir de savoir, du désir de comprendre. Et on est souvent sidéré de les voir jaillir avec la force et le débit de puits artésiens quand on a bien su les « amorcer », leur donner le plaisir du grand soleil et de la dégringolade vers les plaines de tous les savoirs, de tous les savoir faire, de tous les savoir être. Quand un de ces siphons est amorcé, il est bien rare qu’il s’arrête de lui-même, à moins de sabotages maladroits ou sadiques, comme dans « Manon des sources ».

Quand on sait que, dès sa naissance, le tout petit sait lire le monde et sait, si l’entourage est permissif et tolérant y écrire ses désirs, ses activités…, on comprend vite que les adultes qui l’ont en charge n’ont, en plus des soins matériels qu’à laisser se développer des attitudes de conquête, de recherche de contact, de plaisir d’avoir réussi.

Donc ma préoccupation essentielle du devenir des tout petits m’a fait négliger ce PEI que je jugeais trop élitiste, et destiné à des enfants, ados, plus âgés que mes tout petits.
Jusqu’à hier 11 janvier 2010 où j’ai reçu un long commentaire à ce billet de janvier 2008 :https://toutpetits.wordpress.com/2008/01/08/feuerstein-et-le-pei-programme-denrichissement-instrumental/

Ce commentaire, émanant sans doute d’une amie ou d’une collaboratrice de Christine Meyer, la fondatrice d’Up-Braining, révèle toute la profondeur humaine, toute l’authenticité de sa démarche. Comme souvent, c’est beaucoup de souffrance qui « réveille », mobilise et stimule jusqu’au succès de ce qu’on sait désormais être juste parce qu’indispensable.

Je vous laisse découvrir la densité de ce message :

« Bonjour
Formée à la méthode Feuërstein, Christine Mayer anime une formation à Paris en février 2010. En plus de la manière d’enseigner qu’on appelle la médiation, la méthode comporte des outils spécifiques qui permettent d’augmenter les capacités de raisonnement et d’apprentissage au niveau intellectuel et émotionnel, l’autonomie et la motivation (entre autres).
Par exemple, les personnes qui ont des troubles autistiques ont souvent beaucoup de mal à reconnaître leurs émotions et celles des autres. Un outil permet de développer cette intelligence émotionnelle.
Christine a elle même un fils atteint d’autisme profond (non Asperger) dès la naissance. A 6 ans, les experts (enseignants, éducateurs, psychologue, médecins) ont prédit qu’il n’arriverait jamais à apprendre à lire, à écrire, à compter. Elle a alors complètement pris en charge son apprentissage. Il a encore des difficultés pour s’exprimer à l’oral (les nerfs de son visage fonctionnent imparfaitement, c’est un handicap en plus) mais il a eu il y a 2 ans son brevet des collèges avec mention AB, il est actuellement en première et prépare son baccalauréat de français. Dernière nouvelle : il a pris le train tout seul pour aller à Paris le week end de Noël, et il a pu gérer tout seul un retard de train de 2 heures.
Christine a utilisé cette méthode avec plusieurs enfants de l’association J’AVANCE (www.javance.org ) qui ont tous progressé (passage de dernier à premier de la classe d’IMPro, réintégration en scolaire…). Elle est tellement convaincue qu’elle a choisi d’arrêter son métier de professeur agrégée de mathématique pour s’occuper d’ enfants puis de faire des formations d’adultes pour que plus d’enfants puissent en profiter.
Cette méthode ne sert pas uniquement dans le domaine de l’autisme, elle est plus générale et efficace pour différentes difficultés. Elle a également créé de nouveaux outils performants dont certains conviennent à des enfants non verbaux.
Janie Harros »

L’extraordinaire succès du fils de Christine Mayer rappelle de façon étonnante les « miracles » qu’accomplissait Feuërstein. Voilà un enfant pratiquement condamné à 6 ans qui, grâce à la « révolte », au refus de sa mère, et au génie de Feuërstein, est en passe de réussir bientôt son bac. Un adolescent qu’on a dit autiste et qui a su être assez autonome et solide affectivement pour assumer le retard de 2 heures de son train.
Je lui souhaite de tout cœur de poursuivre cette heureuse reconquête et de continuer à donner à sa maman de si légitimes raisons de fierté.

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4 Réponses

  1. Je suis moi-même formée en PEI et toujours surprise par les résultats de cette méthode.

    • Connaissez vous à PAris une personne formée à cette méthode formidable qui pourrait prndre en charge un peit garçon de 4 ans le plus vite possible(il revient de 3 semaines à l’institut Feurstein et déjà c’est fabuleux!)

      • Vous pouvez essayer de contacter jharros@orange
        fr
        Voici un commentaire qu’elle avait fait sur mon blog, le 11/01/2010 :
        « Bonjour
        Formée à la méthode Feuerstein, Christine Mayer anime une formation à Paris en février 2010. En plus de la manière d’enseigner qu’on appelle la médiation, la méthode comporte des outils spécifiques qui permettent d’augmenter les capacités de raisonnement et d’apprentissage au niveau intellectuel et émotionnel, l’autonomie et la motivation (entre autres).
        Par exemple, les personnes qui ont des troubles autistiques ont souvent beaucoup de mal à reconnaître leurs émotions et celles des autres. Un outil permet de développer cette intelligence émotionnelle.
        Christine a elle même un fils atteint d’autisme profond (non Asperger) dès la naissance. A 6 ans, les experts (enseignants, éducateurs, psychologue, médecins) ont prédit qu’il n’arriverait jamais à apprendre à lire, à écrire, à compter. Elle a alors complètement pris en charge son apprentissage. Il a encore des difficultés pour s’exprimer à l’oral (les nerfs de son visage fonctionnent imparfaitement, c’est un handicap en plus) mais il a eu il y a 2 ans son brevet des collèges avec mention AB, il est actuellement en première et prépare son baccalauréat de français. Dernière nouvelle : il a pris le train tout seul pour aller à Paris le week end de Noël, et il a pu gérer tout seul un retard de train de 2 heures.
        Christine a utilisé cette méthode avec plusieurs enfants de l’association J’AVANCE (www.javance.org ) qui ont tous progressé (passage de dernier à premier de la classe d’IMPro, réintégration en scolaire…). Elle est tellement convaincue qu’elle a choisi d’arrêter son métier de professeur agrégée de mathématique pour s’occuper d’ enfants puis de faire des formations d’adultes pour que plus d’enfants puissent en profiter.
        Cette méthode ne sert pas uniquement dans le domaine de l’autisme, elle est plus générale et efficace pour différentes difficultés. Elle a également créé de nouveaux outils performants dont certains conviennent à des enfants non verbaux. »

        L’association J’AVANCE (www.javance.org ) qu’elle cite, pourrait vous renseigner sur des adresses précises.
        Cordialement, JA

    • bonjour je voudrais savoir où vous avez été formée
      merci pour votre réponse
      murielle
      m.doinet@laposte.net

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