Un livre précieux Aux éditions « J’ai Lu », et dans la collection « Bien-être » – c’est tout dire.
Un petit livre de poche, de grande valeur et de petit prix, généreux au possible car d’une clarté inégalée.
Comme s’il était là, tout près, en ami vrai venu chez nous, Jean-Claude Liaudet nous « explique » Françoise Dolto, et nos enfants, et leurs éventuelles difficultés.
Dolto, pourtant déjà si simple, au parler vrai, si claire dans sa vérité, dans sa sincérité, Jean-Claude Liaudet nous la rend encore plus proche, encore plus efficace.
Un livre précieux pour le « bien-être », le mieux être de l’enfant et de ses parents.
Le sous-titre est éloquent: « Pour résoudre les problèmes de l’enfance ».
Aussi courez acheter, emprunter ce livre :
Dans son avant-propos, J-C Liaudet nous dit son projet, son « pari » :
« …me faire l’intermédiaire, le traducteur, d’un savoir et d’une méthode psychanalytiques, dans un langage que j’ai voulu le plus proche possible des lecteurs, tout en cherchant à ne pas trahir la spécificité et la complexité de la pensée de Françoise Dolto ».
Et il ajoute :
« De la sorte, je n’ai fait que suivre l’exemple de Françoise Dolto elle-même. À la fin de sa vie elle s’est personnellement consacrée à un travail de pédagogie à destination des parents et des éducateurs. Elle est intervenue à la radio, a prononcé des conférences, répondu à des interviews, rédigé de nombreux articles… »
Et pour que tout soit bien clair, il précise :
« Au long de ces pages, je n’ai pas seulement puisé dans mon expérience psychanalytique. C’est également en tant que parent, et en pensant aux questions que se posent les autres parents, que j’ai rédigé ce livre. »
Quelques extraits, butinés pour vous mettre en appétit: (les citations de Françoise Dolto par J-C Liaudet sont notées (FD), mes quelques « interventions » – comme ici – sont en « normal ».
Vous allez admirer comment des idées complexes et nuancées de Françoise Dolto nous sont dites avec nos mots de tous les jours par un Jean-Claude Liaudet qui se révèle être un très grand pédagogue d’une très grande générosité. Et cette « traduction » est si inspirée qu’elle ajoute à la pensée de Dolto sans la trahir en rien. Et surtout, il a su repérer puis « éclairer » et ainsi nous révéler, nous rendre parfaitement intelligible tout ce qui compte pour des parents dans l’œuvre immense de Dolto et en réaliser une synthèse remarquable.
Pour Dolto, « l’enfant est une personne », respectable quel que soit son choix de vie :
« Que celui-ci préfère être « bizarre », qu’il reste « fou » ou débile, de sexe incertain, peu lui importait s’il avait réussi à trouver un équilibre pour lui-même et dans les relations avec son milieu de vie : s’il « fonctionnait bien », elle n’y trouvait rien à redire, elle respectait ce choix. »
« Chaque fois, on retrouve la même confiance accordée à l’enfant pour tracer lui-même son chemin, et la même modestie ; c’est l’enfant qui sait où il va, elle ne fait que suivre… Souvent, elle ne comprend ce qui s’est passé que plus tard, une fois la cure terminée. »
« L’intelligence est comme une lumière, un éclairement du monde que chacun porte en soi. » (FD)
« Il existe une égalité fondamentale entre tous les êtres humains de tous âges. Françoise Dolto va jusqu’à penser que les enfants sont en prise directe avec une réalité essentielle dont nous ne percevons plus que les échos déformés, qu’ils sont doués de capacités que l’adulte a perdues : une relation intime avec les forces de la nature, une capacité de communiquer en deçà des mots, une faculté imaginaire qui les met en relation directe avec les mythes fondateurs de notre culture. D’où, peut-être, la sensibilité des enfants vis-à-vis des contes et des légendes. »
Tout est langage.
« Si l’enfant peut un jour apprendre à lire ou à écrire dans sa langue, c’est que, au-delà de toutes les langues, les hommes ont en commun ce que Françoise Dolto appelle la « fonction symbolique »… « Pour l’humain, tout « veut dire » quelque chose, tout a toujours un sens que les mots traduisent, mais que d’autres codes signifient également. »
« Tout être humain donne du sens à ce qu’il vit, à ce qu’il fait. L’enfant le plus « fou », le plus incompréhensible, n’agit pas autrement. Les gestes les plus absurdes sont un langage : ils ont toujours une signification, oubliée ou inconnue ». (Lisez l’encadré au bas de la page 24 !)
« La fonction symbolique est en dehors du temps et de l’espace »... Elle s’élabore « sur le plan psychique »… Tout évènement vécu par une personne, quand il lui a été attribué un sens, reste inscrit en lui de façon indélébile » et pour sa vie. (Voyez l’encadré p 26 !).
Plus encore : « …la langue que nous partageons avec les générations précédentes » nous fait entrer en rapport direct avec elles, avec ce qu’elles « ont déposé dans les mots que nous utilisons. » C’est ainsi que s’établit une « communauté émotionnelle » et que se noue « la reconnaissance inter humaine, la fraternité d’espèce » (FD) sans laquelle un petit d’homme ne devient pas humain.
Nous humains, « nous existons par le langage » et « ce qui ne passe pas par le langage reste privé de sens » .
L’échange langagier pour prendre sens doit éveiller « une émotion simultanée (et donc partagée) chez l’interlocuteur de l’enfant »…. »Tant que l’enfant ne sera pas assez grand pour nouer avec lui-même un dialogue intérieur où il est à la fois lui et un autre (comme cela est bien dit!…), le rôle de l’entourage sera essentiel. »
Lisez attentivement (en haut de la p 30) les trois situations où la reconnaissance inter humaine ne se réalise pas au travers d’un échange verbal, et tout particulièrement la troisième, celle où « ce que l’enfant exprime éveille chez l’autre une réaction qu’il ne parvient pas à comprendre, parce que cette réaction est étrangère à son monde d’enfant, parce qu’elle ne lui est pas expliquée, il le retranchera de lui-même, ne se reconnaîtra plus dans ce qu’il a pourtant ressenti, vécu. Il deviendra étranger à lui-même. »
On pense bien sûr à Camus, à son « étranger », étranger au monde et à qui le monde paraît « étrange ». Suivez les liens en bas de la page de Wikipedia sur l’Étranger.
C’est ainsi que petit à petit se « fabrique » la folie de quelqu’un de parfaitement normal mais à qui on n’a pas assez dit le monde et partagé avec lui pour le rassurer, pour lui faire sentir qu’on est son frère, un autre lui-même, quand on n’a pas voulu – ou pu – cette générosité de partager les émotions de cette découverte en relation.
L’antipsychiâtrie de Laing et Cooper (dont nous reparlerons) explique que la folie est toujours la seule réponse comportementale possible, à une situation absurde, insensée, parce que sans dialogue explicatif , où un malheureux est coincé dans un systême souvent pervers et sadique de « doubles prises », sans réponse possible car toute réponse est fausse et culpabilisante. Un petit exemple : « J’exige que tu sois spontané avec moi ». C’est en fait très fréquent mais souvent sans malignité, ainsi le « Texte libre pour demain, sans faute ! ». Pas de danger en ce cas, car il y a souvent une explication donnée (« on doit tirer le journal scolaire pour le week-end, et il reste des pages blanches…)
Le parler vrai (Voyez 1) ici aussi, et 2) là encore, et même 3) ici, et 4) encore ici…)
« On peut parler à l’enfant de tout ce qui le concerne. On peut même dire la mort de la mère, la séparation, pourvu que l’on s’adresse à l’enfant en tant que personne, en le respectant; c’est-à-dire sans violence ni perversité, ni pour décharger ce que l’on a sur le cœur : parler pour lui, pas pour soi. »
« On peut – parfois on doit – parler à un enfant (normalement, avec les mots de tous les jours). Même à un enfant qui n’a pas encore acquis le langage, un bébé de huit jours…, même à un enfant qui n’est pas encore né… Le bébé saisit le sens général de ce qu’on veut lui dire, quelle que soit la langue… il ne perçoit certes pas les mots, mais l’intention qui a présidé à leur prononciation, il perçoit « la communication inconsciente qui lui est faite » (FD)
À suivre…
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