PER (Programme pour l’Épanouissement et la Réussite)

Le PER, un PEi dédié à la Petite Enfance, au Tout Petit.
Revoyez d’abord le précédent billet : Je recopie ici les deux lignes des sources de mes déjà (bien trop) longues réflexions :

Cela fait déjà bien longtemps que je tourne autour de cette idée venue du PEI du génial Feuërstein.

Le PEi a un i ambigu à l’ambiguïté savamment entretenue.
Le « E » et le « i » du Programme qu’est le PEi de Feuërstein, signifient « Enrichissement instrumental ».Ils vont bien sûr, au bout du compte, dans le sens d’un accroissement de l’intelligence, de l’efficience, du rendement, mais indirectement, grâce aux outils, aux « instruments » dont il enrichit ceux qui en bénéficient. Et c’est à cet enrichissement instrumental que visait d’abord Feuërstein : Sa vocation a toujours été le dévouement à la cause de cas souvent désespérés – un peu à la manière de Bettelheim qui ne recevait dans son École Orthogénique de Chicago le plus souvent que des « cas » refusés, rejetés de partout ailleurs.
Mais on comprend que cet aspect utilitaire, cet aspect efficience, efficacité, rendement intellectuel ait pu en tenter beaucoup, et qu’on se soit ingénié à en faire un outil quelque peu élitiste, pour tout dire souvent très loin d’être gratuit, et d’empêcher de bien mettre en œuvre sa vocation essentiellement préventive.

J’ai toujours cru en la prévention, en une possible générosité préventive qui ne permet pas que surviennent des aggravations, des détériorations difficilement réversibles. Mais quand il est déjà un peu trop tard on appelle au secours des urgences curatives et on est prêt à bien des sacrifices.

Il faut bien se pénétrer de cet esprit de prévention : là se trouve la vraie générosité, là se rencontre la pédagogie authentique des passeurs de savoir faire et de mieux être.
L’argent compromet, pervertit tout dès qu’il perd sa vraie vocation d’investissement.
Françoise Dolto a toujours été une extraordinaire pédagogue, d’une générosité sans égale : ses petits analysés la « payaient » d’un menu objet, un marron par exemple, un ticket de métro périmé, peu importait, seul comptait le geste. Ce geste était symbolique et signifiait un accord, un engagement de l’enfant, un vrai investissement, bien qu’en fait gratuit : « J’accepte ton aide, j’en ai besoin, je la veux… et ce petit rien que je n’ai pas oublié d’apporter pour toi seule, il est un peu comme un objet transitionnel qui signifie que j’entre dans ton monde, dans notre monde d’échanges symbolique, car je sens bien qu’en retour je recevrai de toi infiniment plus que je ne peux te donner, sécurité relationnelle et confiance retrouvée dans l’autre. »
Et sa longue série d’émissions sur France Inter, par la suite éditée, (papier, CD, DVD), que de fureurs n’a-t-elle pas provoquées chez nombre de ses chers confères en psychanalyse ! Je crois bien que tout simplement on lui reprochait de donner des solutions, des trucs, des recettes, pas seulement pour guérir dans l’urgence l’enfant (et les parents) du cas évoqué, mais aussi pour prévenir chez bien d’autres la survenue de perturbations dans la relation, dans l’efficience, dans les attitudes. Car il y avait toute une foule de parents auditeurs qui l’écoutaient avec vénération leur dire, leur expliquer, leur démontrer, ce qui malheureusement peut arriver, et comment, souvent tout simplement, par l’écoute et la parole aimantes on peut faire que ça n’aille pas plus mal, que ça aille mieux, et même, surtout, que ça n’advienne jamais, à nos petits à nous, toute cette souffrance dont cette grande dame parle avec le gentil Jacques Pradel.
Thierry Janssen, lui, a interrompu sa carrière de chirurgien urologue, pour mieux « se reprendre », se ressaisir, se ressourcer, lui aussi a toujours voulu expliquer, démystifier, mettre à portée de tous dans une langue limpide les concepts les plus ardus, au point qu’on l’appelait « Thierry J’enseigne ».
Repensez aussi à J.-D. Nasio, à la force de sa vocation, revoyez ses seuls titres : « Enseignement de 7 concepts cruciaux de la psychanalyse » / « Introduction aux œuvres de Freud, Ferenczi, Grodeck, Klein, Winnicott, Dolto, Lacan » / « Le plaisir de lire Freud », toujours ce désir, ce besoin de transmettre, de faire passer, de partager ses enthousiasmes, en expliquant par le menu, au besoin en créant de nouveaux concepts plus clairs.

P.E.R. : Programmé pour l’Épanouissement et la Réussite.
Aussi, je voudrais que vous repreniez la série déjà fournie des articles du blog qui approchent, tentent de cerner ces notions, ces principes de base, qui font que le petit d’homme, de tout temps et en tous lieux, de la préhistoire à nos jours et sous toutes les latitudes est sans aucun doute possible programmé pour s’épanouir et réussir.

Ainsi, avec en arrière-plan ces principes du PER, sur cette base d’une programmation génétique pour l’épanouissment et la réussite, nous allons désormais nous consacrer surtout aux MER, à la réalisation, à la mise en œuvre.

PER et MER du Tout Petit

 

PERtp & MERtp (Principes / Programme – et Méthodes – pour l’Épanouissement et la Réussite du Tout Petit)
PERtp & MERtp :

PERtp : Programme pour l’Épanouissement et la Réussite du Tout Petit.
MERtp : Méthodes pour l’Épanouissement et la Réussite de la Petite Enfance.

Cela fait déjà bien longtemps que je tourne autour de cette idée venue du PEI du génial Feuërstein.
Le PEI de Feuërstein :

Ce PEI, est un Programme d’Enrichissement Instrumental, (Instrumental, non directement Intellectuel), qui vise à un Enrichissement, un progrès dans l’Efficience Intellectuelle.) Et à un retour de la confiance en soi et en ses moyens, à une restauration d’une image de soi dévaluée.
Cette meilleure efficience intellectuelle, ce progrès du rendement intellectuel, sont en fait dûs à des « attitudes » nouvelles ou modifiées, (des façons d’aborder une tâche à accomplir, un problème à résoudre, une épreuve à surmonter, un choix à assumer), des « postures » face à toute épreuve, qui, peu à peu, deviennent celles d’un dominant plutôt que d’un dominé, d’un habitué des victoires plutôt que d’un résigné aux défaites.
Tout humain, tout animal, a ainsi toute une gamme de « postures » privilégiées, qui d’emblée fonctionnent comme des instincts, comme des réflexes, au mieux comme des habitudes comportementales, dès qu’il y a confrontation à un réel inconnu, à quelque chose qui, par sa nouveauté, demande une mobilisation plus ou moins consciente des motivations, des énergies.
Et cette coloration optimiste ou pessimiste des attitudes, n’est pas innée, mais peu à peu acquise, façonnée par les attitudes relationnelles de la mère, des parents, de l’entourage proche puis élargi (école, cercle des amis, vie professionnelle, famille créée…)
Il y a donc une part de chance dans ce travail de forge d’un caractère, d’une personnalité, cet épanouissement dans la réussite. Mais on rencontre toujours quelques-uns – pas beaucoup, mais il suffit, pour éclairer un esprit, ouvrir un cœur, donner à tout jamais du sens à la vie, de deux ou trois de ces phares, de ces artisans généreux, de ces ouvriers d’art, de ces orfèvres, de ces ébénistes…, grâce à qui on comprend qu’on peut accepter de souffrir, de disparaître même, qu’il restera toujours quelque chose de ces vraies valeurs) ces êtres qui sont nos parents en réussite, en force et en bonheur, que Boris Cyrulnik nomme joliment tuteurs, piliers de résilience.

Cette force insoupçonnée, capable de nous aider à sortir des pires effondrements, la résilience, est fille des réussites, des bonheurs et des épanouissements passés.

Nous, parents, grands-parents, devons savoir être humbles, et reconnaître que nous ne sommes pas les seuls dispensateurs des bonheurs du cœur et de l’esprit.
On ne choisit pas sa famille, ses lieux et milieux de vie, mais on peut apprendre à choisir ses amis (certes l’élan n’est pas toujours réciproque), et il arrive aussi, et c’est là la grande chance d’une vie, qu’on se butte comme par hasard dans quelqu’un qui va compter à jamais pour nous, sans en être toujours conscient immédiatement : on est bien en sa compagnie, il (elle) est apaisant, une sorte de magnétisme opère auquel répond notre tropisme vers cette « base sécuritaire », sécuritaire avant tout sur le plan affectif. Et simultanément on apprend peu à peu, par contraste, à éviter ceux et celles qui génèrent malaise et insécurité affective.
Il arrive, et vous avez alors beaucoup de chance, qu’un de ces êtres généreux ait repéré votre soif de relation vraie, d’authenticité apaisante et sécurisante, et que ce soit lui, qui vienne à votre rencontre, qui fasse les premiers pas. Il faut bien, puisque vous êtes un peu un écorché vif qui s’est frotté jusqu’au sang à trop de rebuffades, de refus, d’agressions.

C’est à ce rôle de médiateur de la réussite, de passeurs de savoir faire, de savoir être, d’alchimistes en résilience, que je voudrais vous convier, par le biais de ce PERtp et ces MERtp, dédiés donc aux tout petits (tp)
Le PERtp 
: Ce sont les principes, les idées premières, le programme de base, sur lesquelles reposent notre confiance absolue dans le potentiel de développement, de progrès que détient tout nouveau-né grâce à la richesse du génome humain.
Le PERtp, c’est avant tout nos attitudes à nous, adultes, face à un enfant , notre confiance en ses capacités de ressourcement, de résiliences’il est en en difficulté ou plus généralement – et heureusement, car il n’y a pas toujours traumatisme et régressions – en ses capacités d’épanouissement, de progrès, d’actualisation de ses potentialités, de ses aptitudes, en cet immense choix offert de possibles.

MERtp : Ce sont les méthodes, les manières de s’y prendre pour d’aboutir aux objectifs, aux ambitions du PERpe.
Le PERtp, c’est un programme, un projet au départ, un potentiel, des possibles.
Les MERtp, c’est le quotidien, la « pédagogie » au jour le jour, ce sont les méthodes, les savoir-faire des adultes, parents, proches, amis du tout petit concerné.
Le PERtp a quelque chose de paternel, c’est projet de père, projet au long cours, qui regarde loin, plus tard.
Les MERtp sont nécessairement – surtout au début de la vie – du côté des mères, toujours soucieuses du quotidien.

Rôles paternel et maternel
– Le Père, fort de la confiance qu’il a dans ce PERtp, participe souvent d’un peu plus loin, il « surveille » en profondeur, dans la double perspective des progrès accomplis, et des progrès espérés, attendus.
– La mère, elle, trouve que c’est bien joli de s’attendrir sur le passé, de rêver aux lendemains qui chanteront, mais qu’à chaque jour suffit largement sa peine, qu’il n’y a pas de temps à perdre à s’émouvoir des progrès accomplis et à s’inquiéter des obstacles à venir.

Pour imiter Alain parlant de la lecture, (« l’enfant lit comme on bèche, motte après motte, et tout l’esprit est au tranchant de la bèche »), on peut dire, et c’est tout à leur honneur, que les mamans élèvent leurs enfants jour après jour, heure après heure, et que c’est tout leur cœur, tout leur esprit vigilant et si vite inquiet qui est sur la brèche. Le Père, lui, plus metteur en scène, se livre volontiers à des travelling entre séquences souvenir et développements de scénarios, et glisse plus nonchalamment sur les aléas du présent – Maman est là sur le pont, toujours un peu de corvée, papa-vigie apprécie de plus haut le chemin parcouru et anticipe ce qu’il reste du long cours et se prépare à sauver, s’il le faut, tout son équipage des écueils toujours possibles.
Le Père a une lecture globale de l’avenir de son enfant. À lui l’honneur du PERtp.
La Mère, plus besogneuse, plus vigilante, plus soucieuse des menues choses, des détails, a une écriture qu’on pourrait dire plutôt syllabique du destin de son enfant : à chaque jours son humble page d’écriture d’un avenir. À elle l’immense responsabilité des MERtp.

Le Programme, le Projet, les Principes, sont pratiquement constants, et il faut et suffit d’y croire.

Les Méthodes sont plus variées et doivent savoir s’adapter aux imprévus du long fleuve qu’est une vie pas toujours si tranquille que cela.

Heureusement, maintenant cette lecture de la partition d’une vie déjà commencée et à maintenir, son interprétation note à note, cette écriture au quotidien, ce tissage patient, maille à maille du long métrage d’une existence, cette longue patience parentale, toute cette immense tâche de Sisyphes optimistes et confiants en leurs forces, cela désormais se fait à quatre mains, à deux têtes et à deux cœurs : les papas savent être mères, jouer, materner, patienter, et les mères en profitent pour prendre du recul et du coup regarder en perspective et avec la fierté des pères leur chef-d’œuvre commun.

La cause des tout petits

Belle, noble et exaltante cause que cette cause des tout petits.
C’est la cause du plus faible, du plus démuni, du plus dépendant.
Nous devrions tous nous sentir commis d’office à la défense, à la promotion, à la valorisation des tout petits.
Mais alors pourquoi les néglige-t-on à ce point, en pensant qu’il leur suffit d’une bonne croissance physique pour qu’à l’entrée à l’école la bonne fée Pédagogie éveille les belles Intelligences au bois dormant ?
Sans doute parce que nous sommes tous pris, accaparés, piégés par des urgences : il nous faut soigner, panser, tenter de guérir, de maintenir tant bien que mal des santés affectives précaires. Nous ne cessons de colmater des brèches, de restaurer des chefs d’œuvres qui se délitent et toute notre énergie s’y use.
Tous les décideurs, tous les élus l’ont été parce qu’ils ont su promettre des aides, des secours à des électeurs angoissés par des problèmes urgents demandant des solutions immédiates.
Mais le curatif épuise les meilleurs bonnes volontés et déçoit bien souvent
faute d’avoir pu faire en temps utile le préventif que la sagesse, le simple bon sens imposaient.

Dolto, encore Dolto :
« Si l’on essaie de s’intéresser sérieusement aux enfants, il faut porter une attention toute particulière aux petits. Je pense que tout le travail est à faire avant quatre ans ; avant l’entrée à l’école. »
« Il ne s’agit pas de juger si, passé cet âge, on va de mal en pis, mais de savoir que la structure est acquise. »
« Quand je dis « tout se joue », je n’entends pas la future carrière, la future réussite sociale. Ce n’est pas du tout dans ce sens-là.
« Si on veut parler de l’essentiel, de tout ce qui se peut sur le plan de la prévention pour éviter des lésions, des blocages, des dérapages, je crois que c’est avant quatre ans. [Même si] le mal peut se faire avant, bien avant : Séparer l’enfant de sa mère à sa naissance puis à la crèche sans les avoir préparés, c’est lourd de conséquences, car les enfants les plus humais, c’est-à-dire les plus sensibles, sont ceux qui vont être marqués d’avoir été séparés de leur mère sans la médiation du langage. »
« Je n’ai qu’une chose à dire aux hommes politiques : C’est de 0 à 6 ans que le législateur devrait le plus s’occuper des citoyens. »

Je n’ai cessé, au fil de ce blog de tenter de vous persuader que le petit d’homme à la chance exceptionnelle, unique, d’être promis pratiquement sans exceptions au plus bel épanouissement. Et justement parce que né inachevé et totalement dépendant des premières relations affectives, du climat familial et social dont il sera entouré dans ses premiers mois.
Ce n’est pas une utopie, mais un espoir fondé dont témoignent les réussites mais aussi les échecs et les difficultés (qui révèlent à la réflexion les erreurs, les manques passés de la toute petite enfance).

Je suis certain que chacune, chacun de nous peut être porteur et messager de cet espoir.
Chacune, chacun peut – et du coup doit – être acteur de ce projet d’une petite enfance heureuse pour tous et prometteuse d’un avenir psycho-social épanoui.

Comment procéder ?

En tant qu’individu :

  • Se persuader de la justesse, de la noblesse de cette cause des tout petits.
  • En faire la promotion, en parler, conseiller des lectures, faire partager des réussites, militer auprès des décideurs, mettre en pratique des comportements altruistes, associatifs.

En tant que citoyen inséré localement :

  • Susciter la création de groupes de travail, de réflexion autour du thème de la toute petite enfance, de la famille, de la société locale.
  • Susciter la création de groupes de parents solidaires se réunissant avec – ou parfois sans leurs tout petits – (gardes, réflexion, soutien mutuel…)
  • Contacter :
    • votre médecin, pédiatre…
    • les enseignants de votre quartier, de votre commune
    • les élus locaux (commune, communauté de communes, conseils général, régional).
  • Créer localement

Faire connaître, diffuser ce blog (enfin, les idées qu’il essaie de promouvoir) :

  • À tous vos contacts personnels de messageries (votre « carnet d’adresses »)
  • Aux travailleurs sociaux et personnels de santé
  • Aux élus locaux

Envoyer un lien vers une des pages qui vous plaît particulièrement, voire plusieurs… (par exemple
« Jeux de Tout Petit : les couleurs du printemps au jardin »)


Diffuser l’adresse du blog :
https://toutpetits.wordpress.com

Mes projets :

Un PEI-« T »PE : un Programme d’Enrichissement Instrumental de la « Toute » Petite Enfance (0-3 ans)

Précisions :
Dans le billet du 8 janvier
concernant Reuven Feuërstein, je regrettais qu’il y ait parfois une exploitation commerciale de ses idées, ce qui ne peut que favoriser un certain élitisme :

« Il est utile de savoir la récupération « marchande » qui a été faite des techniques de Feuërstein : il est bon pour un cadre (adulte donc et bac ++, on est loin des orphelins de déportés ou des juifs d’Éthiopie) de faire un stage PEI. Ce qui prouve à coup sûr que ces outils d’enrichissement instrumental ne sont pas que d’acquisition, mais que surtout ils génèrent des attitudes efficaces dans la confrontation aux problèmes à résoudre, des stratégies performantes d’apprentissage, d’acculturation. Que des adultes décideurs progressent n’est pas en soi une mauvaise chose, mais cela risque de les conforter dans un sentiment de supériorité et de donner à penser que ces techniques nécessiteraient une intelligence adulte déjà bien en place, ce qui est une erreur fondamentale. L’apport le plus précieux de Feuërstein concerne chez les enfants en grande difficulté la remédiation intellectuelle, la restauration des attitudes de confiance en soi par l’évidence de réussites, l’importance de la médiation (le « passage », la transmission de savoirs, de compétences, d’attitudes) dans cette relation triangulaire : enfant, connaissance, médiateur. »

Dans un autre billet du 8 février, j’exprimais mon souhait d’un PEI destiné à la petite enfance et que j’intitulais :
Un PEI-PE : un Programme d’Enrichissement Instrumental de la Petite Enfance :

« Ce dont je rêve, comme je n’ai cessé de le faire – est-ce une utopie ? – c’est d’une action préventive, le plus en amont possible, c’est-à-dire dès la naissance (et même pendant la grossesse et au temps encore plus ancien du désir d’enfant), essentiellement donc pendant la petite enfance, de 0 à 3 ans, au moment où les choses, mine de rien, se précipitent, un temps où les progrès vont à un train d’enfer, où les besoins à satisfaire sont les plus impérieux – et pourtant les plus simples (bonheur relationnel, bien-être et sécurité physiques, stimulations sensorielles…)
Essayons ensemble d’élaborer un PEI-PE, un « Programme d’Enrichissement Instrumental Petite Enfance» – en fait un inventaire pragmatique fondé sur la connaissance théorique et l’expérience de savoir faire et être vécus, éprouvés – un PEI donc adapté à la toute petite enfance. »

J’ai reçu récemment une information sur des stages PEI de 5 jours (sensibilisation de parents et de futurs médiateurs) concernant la petite enfance à partir de 3 ans) :
Et on m’informe, suite sans doute à la lecture du paragraphe ci-dessus, avoir lu avec intérêt ma « demande de PEI pour la petite enfance », et que mon «vœu est exaucé ».

Cependant les stages proposés aux adultes à Paris et répercutés localement aux enfants sont bien loin d’être gratuits.
Je ne nie pas qu’ils puissent être d’un grand secours à des parents anxieux et à leurs enfants en difficulté.
Mais je crains deux dérives possibles : une sélection par l’argent et surtout peut-être la tentation d’un forcing précoce.

Voilà pourquoi je crois devoir apporter une dernière fois des précisions sur mon projet de PEI-PE :
Il est destiné aux tout petits, c’est
« un PEI donc adapté à la toute petite enfance. », de 0 à 3 ans.
Les fondamentaux de ce PEI-
TPE :

  • Il est destiné à tous les enfants, de 0 à 3 ans, en particulier les plus défavorisés, donc entièrement gratuit et bénévole – ce qui n’exclut pas l’efficacité.
  • Il voit dans la maman et l’entourage proche de la toute première enfance les médiateurs naturellement compétents de tous les premiers apprentissages ;
  • Il vise à prévenir massivement les souffrances liées aux difficultés et à l’échec possibles à l’école ;
  • Il refuse toute idée de forcing précoce (un critère absolu : le plaisir évident d’un enfant de plus en plus épanoui et équilibré) ;
  • Il souhaite sensibiliser les décideurs à l’importance des contextes sociaux de la petite enfance

Ceux qui me suivent depuis les débuts de ce blog (3 mois déjà, 2000 visites…) ont bien compris que la générosité, l’altruisme et la lucidité sont des qualités essentielles à ce projet qui est, je le précise une dernière fois, un
Programme d’Enrichissement Instrumental de la Toute Petite Enfance.

Quelques conseils pour terminer :
Notez (rien de plus volatile que la mémoire !) vos idées de conseils, d’actions possibles pour cet « enrichissement instrumental des tout petits ». Faites, comme le conseille Feuërstein, des canevas, des tableaux, des plans :

  • Selon les « instruments » du tout petit
    • Ses sensations
      • Vue
      • Toucher
      • Goût
      • Audition
      • Odorat
    • Son action
      • Schèmes sensorimoteurs
      • Activités, motricité (déplacements, marche, explorations)
      • Intelligence sensorimotrice, essais, expériences, touche à tout…
      • Ses jeux
      • La parole
    • Son équilibre, son épanouissement corporel
    • Son affectivté
  • Ses acquisitions, ses progrès à noter, à « guetter »
    • Le gazouillis, la parole
    • L’objet permanent
    • La fonction représentative
      • Le faire semblant
      • Les jeux
      • La mémorisation
      • Les premiers gribouillages et « dessins »
  • Le tout petit seul
  • Les partenaires du tout petit (les divers contextes relationnels)
    • Des personnes
      • Lui-même
      • D’autres enfants
      • Sa fratrie, ses parents, ses proches
      • Des inconnus
    • Des animaux
    • Des objets
      • Seins, doigts, main…
      • Objets de hasard
      • Jouets
  • Selon l’âge du tout petit, ses « étapes »
    • Avant la naissance
    • À la maternité
    • Les 3 premiers mois
    • Le « ramper »
    • La marche…
  • Selon les lieux
    • Berceau, lit, poussette
    • Chambre
    • Maison
    • Extérieur
    • Quartier
      • Rues, espaces verts
      • Magasins, grande surface, cafétéria, restaurant…
    • Lieux inconnus
    • Chez des parents, des voisins
  • Selon les saisons

Il s’agit, pour chacune de ces « cases » de ces quelques tableaux donnés en exemple, d’imaginer, ou mieux, de se remémorer des activités de stimulation, d’encouragement du tout petit à partir plus confiant à la conquête du réel, en veillant toujours à son équilibre affectif et relationnel.
N’oubliez pas que l’on oublie vite : Jules Renard disait « Il faut saisir l’idée fuyante et lui écraser le nez sur le papier. »

Alors, à vos tableaux et à vos notes, et prenons l’habitude d’échanger. Vous savez comment me joindre :
toutpetits@hotmail.fr

Protection du site : J’ai dû m’y résoudre.
Copyrightdepôt


Échec scolaire bien trop fréquent

 

Après le 1er billet « hommage au tout petit » quelque peu solennel et emphatique – mais le héros mérite toute notre admiration et tous nos soins – je vais essayer (avec votre aide et votre participation toujours souhaitée) de préciser quelques orientations, quelques pistes de réflexion,

D’abord, quelques-uns des thèmes centraux que nous aborderons:

Pendant toute ma carrière d’enseignant puis de psychologue scolaire j’ai tenté de comprendre le prodigieux alliage de désir et d’intelligence qui mène du nouveau-né inachevé et totalement dépendant à l’écolier puis à l’étudiant, mais avec trop souvent bien trop de difficultés, d’échecs navrants.

L’essentiel de mes convictions tient en quelques mots :

– L’échec scolaire représente un gâchis désolant et inadmissible (4% seulement, – en gros 1 élève par classe – échouent pour des raisons admissibles : souffrance néonatale, maladie…, alors que 50% entrent en 6ème plutôt démunis et après bien des souffrances ).

– Les enseignants, dès la petite section de maternelle, dès la crèche, sont les héritiers de la famille.

– Le petit humain naît avec un prodigieux potentiel d’intelligence, mais inachevé et en devenir

– L’avenir d’un enfant se joue pour beaucoup dans les deux premières années de sa vie (et plus encore dans la toute première).

– Une intelligence, un caractère, une personnalité s’ébauchent dès la naissance, se façonnent tout au long de la toute petite enfance dans le contexte familial peu à peu élargi.

– Rien n’est jamais irréversible, mais toute l’éducation serait tellement plus facile et heureuse pour tous si on concentrait un peu de sollicitude et de vigilance sur cette période essentielle de la vie.

Il y a là tout un « chantier » d’authentique réhabilitation du vrai rôle de la famille et de l’entourage d’un enfant auquel tous les enseignants devraient être sensibles et participer autant que possible pour un meilleur épanouissement et une plus grande efficience de leurs futurs élèves.

 

L’échec scolaire est une longue souffrance, comme d’une maladie chronqique, qui souvent commence dès l’entrée en maternelle et se poursuit parfois jusqu’à l’entrée dans la vie active, où débutent alors fréquemment d’autres difficultés, sociales, relationnelles,

Mais ce n’est pas l’enfant, l’élève en difficulté seul qui souffre. Cette souffrance est triple et touche l’enfant, l’enseignant et sa famille. Nous reviendrons longuement sur cette souffrance tantôt diffuse, tantôt aiguë, par poussées, une souffrance complexe faite d’incompréhension, de colère, de révolte, de résignation aussi comme s’il y avait là comme une inexorable fatalité, une reproduction inévitable des misères de la génération précédente. Il faut voir comment une entrée en maternelle ou en primaire (la « grande école »), puis au collège, qui devrait être triomphale – et qui l’est dans les milieux les plus favorisés – comment cette entrée réactive chez bien des parents la crainte qu’eux-mêmes ont vécue 20, 30 ans plus tôt, et cette appréhension est accentuée par le souvenir douloureux de leurs propres années d’école. Et l’enseignant finit lui aussi par croire à cette fatalité de l’échec qui colle à tant de familles de génération en génération, comme une malédiction, comme une hérédité mauvaise.

Non, l’échec n’est pas héréditaire. Au départ, les chances sont égales,

Mais la misère, la pauvreté, l’insécurité matérielle et affective, la précarité dans tous les domaines se transmettent bien trop facilement et même souvent s’aggravent de génération en génération. Ce sont elles les mauvaises fées qui entourent trop de berceaux et qui empêchent des gênes intacts et pratiquement égaux pour tous de développer leurs potentialités.

L’intelligence d’un enfant est une construction collective qui commence dès sa naissance et même pendant la vie intra utérine. Les rouages sont en place (le merveilleux génome du petit d’homme). Pour que cela fonctionne, tourne et conduise de progrès en progrès à plus de savoir ressentir, plus de savoir être, de savoir faire, d’instruction et de culture, il faut et il suffit d’un moteur on ne peut plus écologique, un moteur extraordinaire de puissance : la chaleur maternelle, la chaleur humaine, la chaleur affective, relationnelle. Et ce moteur fait de tendresse, d’amitié, d’affection, d’amour, ne tourne bien que dans un climat de sécurité, sécurité matérielle et affective pour les adultes impliqués dans ces relations . La construction d’une intelligence, d’une personnalité, c’est avant tout des échanges, des interactions.

Nous ne faisons que passer sur cette terre, nous devons être des passeurs, pas de simples passants. Nous sommes des hommes, des femmes adultes, nous devons pour nos enfants, et dès les premiers jours, être des passeurs de cette civilisation humaine que chaque nouveau-né doit pouvoir, avec notre aide, conquérir, faire sienne, intégrer à sa personnalité.

Il faut que nous soyons persuadés que l’échec, si fréquent, si courant, n’est pas une fatalité. Il est souvent la conséquence de trop de confiance dans la seule croissance physique du tout petit, dans sa seule bonne santé.

Sachez que les mileux les plus favorisés sont bien informés de l’importance des toutes première années, de la qualité de la relation mère-enfant. Soyez sûr qu’ils sont en général très vigilants (et ils ont bien raison quand cette vigilance est raisonnable) sur ce que l’école et la société en général peuvent et doivent apporter à leur précieuse progéniture.

Pour terrminer ce billet, quelques lignes de Jean Rostand, à graver au fronton des crèches et des écoles… et dans toutes les mémoires:

Les hommes du 20ème siècle sont identiques aux tailleurs de pierre du Pléistocène…

Le petit d’homme devra refaire en quelque 20 ans le chemin qui demanda des millénaires…

 

Cet homme qui naît aujourd’hui… il apporte un fonds intact1, il transcende la durée, il appartient à l’humanité éternelle. S’il ne naît pas supérieur à ceux qui naissaient hier, il ne naît pas davantage inégal à ceux qui naîtront demain…Les germes se moquent de l’aventure individuelle… Nous n’ajoutons rien à l’héritage. Tout l’acquis de notre personne s’éteindra avec nous…

La civilisation fourmi est inscrite dans les réflexes de l’instinct… La civilisation de l’homme ne réside pas dans l’homme, elle est dans les bibliothèques, dans les musées et dans les codes.

S’il était donc important, vital d’éduquer correctement un garçon de Cro-Magnon pour en faire un bon tailleur de pierre et un vaillant chasseur et une fille d’alors pour qu’elle soit une mère aimante, gratifiante et sécurisante, le rôle actuel des parents, des enseignants et de toute la société moderne est tout aussi important et repose exactement sur les mêmes bases : le désir, le besoin vital de transmettre ses acquis aux petits, aux jeunes, à ceux qui seront ainsi l’essentiel de nous-mêmes et qui nous survivra.

Chacun de nos enfants a les gènes qu’il faut pour pouvoir acquérir le précieux bagage culturel commun qui réside dans les savoir-faire et les savoir-être des adultes, dans nos livres, nos ordinateurs, nos musées et nos réalisations.

Aucun mérite pour l’homme à posséder cet outil génétique qui permet son progrès, qui semblerait supérieur à celui de nos frères les grands singes qui n’ont pas la possibilité d’acquérir notre langage oral pour des problèmes de larynx, de pharynx et de palais – mais qui ont pourtant une aire cérébrale spécifique qui leur permet d’accéder à nos concepts langagiers selon d’autres codes et donc de nous comprendre et de nous « parler ».

Mais quelle que soit l’espèce, la race, l’ethnie, chaque parent, chaque communauté a l’immense honneur et l’énorme responsabilité de mettre en œuvre ce prodigieux outil d’acculturation. (extrait d’un essai inédit)

 

1 Mais pour combien de générations encore va-t-il rester intact ? Et n’oublions pas que nous risquons entraîner avec nous dans la dégénérescence ou le néant les mondes animal et végétal si nous ne maîtrisons pas nos pulsions nucléaires et nos tentations de bricolage des génomes.